top of page

Perpétuité

  • Photo du rédacteur: Fabienne BF
    Fabienne BF
  • 20 oct.
  • 2 min de lecture

☀️ De Guillaume Poix

Editions Verticales

Ils disent tous gardien, gardien, gardien. Pierre, lui, ne garde personne, il est surveillant, il surveille.

ree

Un jour de semaine à 18h45 dans une maison d'arrêt du sud de la France : ils sont plusieurs à arriver pour prendre leur service. Ils vont faire la nuit. Il y a ceux qui vivent sur place dans des appartements de fonction ; ceux qui font la route pour rejoindre leur lieu de travail.

Des hommes et des femmes de tous âges, début de carrière, proche de la retraite. Désabusés, enthousiastes, résignés, combattifs. Cheffe d'établissement, directrice de la détention, chef de la détention, surveillant en chef, simple gardien, responsable des entrées, médecin...

Perpétuité est un roman choral qui nous propulse dans les méandres d'une maison d'arrêt, ses acronymes PCI, API, DAP, QI, nous ballote entre les différents quartiers, mitard ou cellule d'isolement, cellules ordinaires où l'on s'entasse à quatre, matelas au sol. Les couloirs et les coursives que l'on arpente, les tendinites attrapée à force de pousser les portes de l'épaule, les chaussures de sécurité, le gilet pare-lames qui tue le dos, l'œilleton qu'il faut toujours contrôler pour éviter le risque de se faire crever l'œil, le lever du soleil que l'on découvre depuis le mirador, les lasagnes cuisinées maison partagées au milieu de la nuit dans la salle de pause, le tiramisu que l'on n'aura pas le temps de manger parce qu'il y a tout ce qu'il faut gérer : les rondes, l'arrivée d'un détenu très médiatisé, le suicide d'un autre, un incendie de cellule. Et en toile de fond, les bruits incessants, les cris, les télévisions qui hurlent, les sanglots, les claquements métalliques des serrures, des portes qui s'ouvrent et se referment.

Ce roman est passionnant de bout en bout, il raconte des vies ordinaires, celles de ceux qui officient derrière les barreaux, ceux que l'on nomme maton, autrement dit ceux qui surveillent dans les lieux de détention. Il raconte la surpopulation carcérale, le manque d'effectifs, de moyens. La paperasse, les procédures. Il raconte aussi les rencontres, l'envie de faire bouger les choses, les amitiés, les histoires d'amour, les drames humains.

Foisonnant dans l'écriture, sonore, étouffant, ce texte m'a fascinée, je l'ai trouvé hors du commun, très éloigné des clichés habituels même si j'étais assez heureuse de voir s'ouvrir la porte au petit matin et de quitter les lieux, à l'image de l'équipe de nuit ! 



Commentaires


bottom of page