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Le livre de Kells

  • Photo du rédacteur: Fabienne BF
    Fabienne BF
  • 13 août
  • 2 min de lecture

Sorj Chalandon, Editions Grasset

Nous pensions devenir tellement plus grands que nous.
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Comment dire ? Ce livre m'a bouleversée, j'ai été fascinée par ce texte.

J'aime Sorj Chalandon depuis Libé que j'achetais pour lire ses reportages lorsqu'il couvrait l'Irlande du Nord. J'ai parcouru Belfast avec l'impression de marcher sur ses traces. C'était il y a 40 ans, j'ai pris un peu de maturité mais autant le reconnaître, Sorj Chalandon exerce toujours cette fascination sur moi !

J'ai tout lu de lui et mon tiercé gagnant est Une promesse, Mon traître et Retour à Killybegs.

A chaque sortie d'un de ses romans, je me réjouis. Alors oui, j'attendais ce livre de Kells avec grande impatience. Je l'ai lu très lentement, j'ai pris tout mon temps, allant jusqu'à m'offrir le luxe de relire certains passages.

Sorj Chalandon raconte ici comment il a quitté "l'Autre", ce père antisémite et violent, alors qu'il avait 17 ans et qu'il est parvenu à se faire émanciper pour lui échapper.

On est en 1970 et il part avec le sac que lui a donné son ami Jacques, une carte postale du Book of Kells que ce même ami lui avait envoyée d'Irlande, La Nausée de Sartre et un billet de 100 francs, un Corneille, que lui donne sa mère le matin de son départ.

Il a 17 ans, rêve de Katmandou, d'Ibiza, il va se retrouver à Paris et connaître la rue.

La rue va te bouffer, mec !

La rue, c'est sa descente aux enfers. Comment ne pas être bouleversée par ce jeune homme qui n'a pas les codes, ne sait pas qu'il doit dormir avec ses chaussures pour ne pas se les faire voler et se retrouve à affronter une nouvelle fois la violence, celle de ses congénères, la faim, la misère.

Ce sont les "maos" qui vont le sauver. Cette branche de la GP, la gauche prolétarienne, ceux qui vendent La cause du peuple à la sauvette, qui manifestent contre les identitaires, qui s'infiltrent dans les usines, les universités... Ils vont lui tendre la main, lui donner sa chance, le sortir de la rue. Avec eux il trouve enfin sa famille.

On assiste alors à l'éveil politique du jeune homme, à sa construction. A son émancipation dans le sens réel du mot avec en toile de fond l'agitation, les confrontations, les désillusions au sein d'un mouvement dont les membres rêvaient de révolution et de changer le monde.

Mais Le livre de Kells est bien au-delà d'une simple évocation de jeunesse, il boucle tous les autres romans de Sorj Chalandon, il bouleverse, chamboule. En le lisant, j'avais l'impression d'être dans la proximité, l'intimité même de cet adolescent en quête de vie, d'amour et de liberté.

Quant à l'écriture, plus sensible que jamais, elle m'a littéralement fait chavirer.


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